CAMPUS

© Alain Herzog
ANNIVERSAIRE
Satellite toujours sur orbite après 35 ans
Le célèbre bar souffle ses 35 bougies. Sat demeure une institution pour les étudiants du campus et peut toujours compter sur ses anciens membres, plus fidèles que jamais.
En 35 ans, Satellite a rassemblé 350 bénévoles, organisé un millier de soirées ludiques, choisi 120 jeux de société, trié et préservé plus de 5000 bandes dessinées (sans compter celles qui disparaissent et qu’il faut remplacer), planifié 11 éditions du festival Sat Rocks, mis sur pied 75 jam-sessions et 380 concerts, invité tous les jeunes comédiens de la région lors de 180 cafés-théâtre, brassé et servi des litres de bière - qui ont participé à sa réputation festive. Bref, à 35 ans, Satellite ne s’est pas essoufflé. Bien au contraire, il suscite même des vocations!

En 1983, sous l’égide de l’AGEPoly, les étudiants phosphorent sur la création de lieux de détente et de rencontre. A cette époque, le comité Spongiflex jette l’éponge lorsque son idée de disco ne passe pas la rampe. Une bonne chose pour Marc Dikötter, alors étudiant en électricité, qui reprend le projet et imagine un bar où l’on pourrait partager un café le matin et boire une bière le soir en lisant des BD. Il mettra une année à développer son idée, ira acheter pour 2000 francs de bandes dessinées en France, grâce à un crédit débloqué par l’AGEPoly, trouvera tout son mobilier chez Ikea. «Et j’ai fini en échec en électricité! J’ai quitté Sat, je suis allé en informatique, je n’ai pas beaucoup suivi les cours non plus, mais ça me semblait facile et j’ai été diplômé en 88.» Après cinq ans d’assistanat, Marc Dikötter quitte l’EPFL et se détache de Satellite. «J’aime commencer les choses, donner l’impulsion puis je laisse la place aux autres. C’est drôle, la chose que j’ai créée, et qui aura eu le plus de pérennité n’aura pas été une réalisation professionnelle, mais un bar estudiantin.»

Les copains d’abord
L’histoire de Satellite se construit et perdure grâce à des relations amicales fortes. Marc Dikötter a rencontré Pier Donini à Sat, ils ont étudié ensemble. Trente ans plus tard, ils sont devenus collègues à la Haute Ecole d'ingénierie et de gestion d’Yverdon. Et si l’un n’a plus mis les pieds à Satellite, l’autre est toujours très actif dans l’association. «En 85, j’étais en première année de physique et, comme tout bon étudiant, je traînais à Satellite, explique Pier Donini. J’avais 19 ans, je lisais des BD, beaucoup de BD. On m’a dit: «T’es toujours là, tu ne voudrais pas faire partie de l’équipe?» Je suis rentré comme responsable BD… forcément.»
L’intégration de ce jeune Franco-Italien dans l’Ecole n’était pas si simple à l’époque, il cherchait une deuxième maison et Satellite a rempli ce rôle. «On vivait à Satellite, on s’y retrouvait n’importe quand pour n’importe quoi. On y faisait nos études. Je n’aurais jamais tenu sans Sat, c’était une bouffée d’oxygène.» Après la lecture, Pier se passionne pour le café-théâtre, il invite de jeunes talents qui deviendront des pointures comme François Rollin en 1989, les Vamps, les Chasseurs en exil, les Indécis. A 52 ans, Pier Donini est toujours sur la mailing list de Sat et participe volontiers aux réunions de l’association.

Les compétences et des choix
Manon Durand-Ruel, elle aussi, cherchait à lier des connaissances lorsqu’elle est arrivée en 2014 à l’EPFL pour faire son Master en neurosciences. Elle participe à une édition de Sat Rocks et décide non seulement d’entrer dans le comité mais aussi de s’engager pour une année au lieu de partir à l’étranger: «J’ai choisi de faire mon stage dans les environs de l’EPFL pour rester disponible à Satellite.» Un stage au CHUV qu’elle ne regrette pas, bien au contraire, car il lui sert encore maintenant dans son doctorat.

On se retrouve dans les festivals
Andreas Jaggi, diplômé en 2009 en informatique, a été littéralement fasciné par l’organisation des concerts. «Il y avait des moments stressants, mais tout le monde s’entraidait, se soutenait. Cette expérience, ça soude une équipe.» Andreas a gardé des souvenirs intenses de son passage à Sat, et même en travaillant à Zurich, il ne manque pas de revenir régulièrement saluer ses amis. Des amis qu’il croise régulièrement dans les grands festivals de la région. «Paleo, Montreux, Caribana il y a toujours des gens de Sat qui y travaillent et que je connais, que ce soit à la technique ou à l’accueil des artistes.»
Sandy Evangelista, Mediacom