CAMPUS
TRANSFERT DE TECHNOLOGIE
Les start-ups de l’EPFL ont levé 217 Millions de francs en 2018
Alors que Nexthink a fini son tour de Table avec 85 millions de francs, une dizaine de sociétés ont levé plus de 8 millions.

Nexthink, qui développe une solution de gestion du parc informatique automatisée, vient de lever 85 millions de dollars. © 2018 NicoElNino
Excellente année pour les start-ups de l’EPFL, qui ont cumulé en 2018 pas moins de 217 millions de francs en levées de fonds. Presque un record. Les compteurs avaient explosé en 2016 (260 millions) avec notamment les 100 millions obtenus par la spin-off MindMaze. Alors que le total annuel plafonnait à 50 millions jusqu’en 2010, il s’est situé bien au-delà ces huit dernières années. «Ce bilan positif confirme la forte progression de l’esprit d’entrepreneuriat sur le campus ainsi que le dynamisme des fondateurs», souligne Hervé Lebret, responsable de l’Unité start-up de l’Ecole. Les résultats de recherches passent ainsi plus facilement des laboratoires vers le grand public et se traduisent par un nombre toujours plus important d’entreprises à succès. Un changement de paradigme qui émane en grande partie des structures mises en place depuis plus de 25 ans sur le campus.
Dix sociétés ont levé plus de 8 millions de francs
Les 10 plus grosses levées de fonds ont été obtenues cette année par des spin-offs, ces entreprises fondées autour d’une technologie issue des laboratoires de l’Ecole ou créées par un chercheur du campus. Avec 85 millions de francs à elle seule, Nexthink, spécialisée dans l’intelligence artificielle pour la gestion des parcs informatiques, a levé l’un des trois plus gros montants jamais atteints sur le campus pour une société non cotée en bourse.
Les trois autres plus importants tours de table ont été réalisés par Cellestia Biotech, Abionic et Kandou Bus. Cellestia Biotech a annoncé avoir levé 20 millions. Cette spin-off développe des molécules pour traiter certains types de cancer liés à des lésions génétiques activant une voie de signalisation cellulaire appelée NOTCH. La seconde, Abionic, née dans les salles blanches de microtechnique en 2010, a levé 20 millions qui vont lui permettre de valider et commercialiser ses tests microfluidiques pour la détection du sepsis et des allergies. Kandou Bus a rassemblé pour la seconde fois 15 millions qui lui serviront notamment à accélérer la mise en production et le déploiement de son système de signalisation qui améliore la communication entre les puces au sein des systèmes électroniques. Six autres start-ups ont encore attiré entre 8 et 14 millions de francs, dont Pristem, Bestmile, Akselos, Inpher.io et Amazentis.
Un écosystème favorable
Les investisseurs à l’origine de ces 217 millions se trouvent en Suisse, mais aussi ailleurs en Europe ou aux Etats-Unis, tels que Bessemer, Walden, JPMorgan aux USA, Index Ventures, Partech, Airbus, Shell, Innogy en Europe. Cette internationalisation des capitaux est «la preuve que l’ambition et le dynamisme des entrepreneurs locaux commencent à être une marque de fabrique et de sérieux», souligne Hervé Lebret. Ces excellents résultats pourraient en effet presque faire oublier que réunir l’argent nécessaire au financement des différentes phases critiques résulte d’un travail de longue haleine qui peut prendre jusqu’à plusieurs années, même si l’idée est brillante, la technologie hors du commun ou le talent pour l’entrepreneuriat avéré.
Pour aider les entrepreneurs à démarrer, l’EPFL a progressivement mis en place depuis plus de 15 ans tout un écosystème comme l’accès à des locaux à La Forge ou au Garage, ainsi qu’à Campus Biotech à Genève par exemple, des collaborations facilitées avec les laboratoires ainsi que des aides financières (Innogrants, XGrants, YGrants). Cette année, un nombre record de 25 spin-offs ont été fondées sur le campus.
Quelque 40% des spin-offs créées ces 10 dernières années ont par exemple été soutenues à leur démarrage par un Innogrant. Ce fonds, qui permet aux doctorants et professeurs d’obtenir le financement d’un salaire, a permis la fondation de plus de 80 entreprises. Celles-ci ont généré 325 millions de levées de fonds et neuf d’entre elles ont été rachetées par des multinationales.
Lorsqu’on a une bonne idée, pourquoi attendre ? Quelques étudiants ont osé se lancer dans le grand bain de l’entrepreneuriat avant même d’avoir achevé leurs études. Depuis l’année dernière, les XGrants ont encouragé l’émergence de nouveaux talents. Quelque 55 projets ont été proposés par des étudiants de Bachelor ou de Master et 30 bourses – d’un montant maximal de 10’000 francs – ont été accordées.
Cécilia Carron, Mediacom