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L’EPFL dépoussière les travaux pratiques
De nouvelles formes de travaux pratiques émergent au cœur des Discovery Learning Labs. Ils en couragent les étudiants à prendre une position de chercheur, à réfléchir sur des problèmes ouverts et à expérimenter de manière inédite.

Nichée dans le bâtiment ME, la salle apparaît énigmatique. Elle est meublée de chaises, de tables, d’ordinateurs et de petits moteurs qui se mettent à tourner tout seuls. Des machines sur lesquelles les étudiants peuvent faire leurs expériences à distance, à condition d’être connectés à Internet. Ces travaux pratiques (TP) s’appuyant sur un MOOC sont proposés par Christophe Salzmann en lien avec son cours d’automatique. Ils fonctionnent selon le schéma de la classe inversée. «Les étudiants peuvent choisir de suivre les TP de manière autonome ou de venir en classe pendant les sessions pour poser leurs questions», remarque le chargé de cours.
Offrant une approche inédite, ces TP en «remote access» ont émergé avec les Discovery Learning Labs (DLL). Des laboratoires équipés d’installations de pointe qui offrent en un même lieu la possibilité de réaliser un large éventail d’expériences, de mesures et d’analyses. Et permettent de proposer des TP d’un nouveau type. «Au travers des travaux pratiques de nouvelle génération, les étudiants sont confrontés tôt dans leur cursus à une approche ouverte, de type projet, souligne Pascal Vuilliomenet, responsable des DLL. Ils se familiarisent également avec les équipements et le personnel des DLL qui pourront les accompagner dans des projets interdisciplinaires plus tard dans leur cursus.»
Impliquer les étudiants
Les DLL font partie du Discovery Learning Program, une initiative pédagogique de l’EPFL pour renforcer l’apprentissage par l’expérimentation, notamment via des TP en lien avec la recherche ou le milieu industriel, et favoriser les synergies entre disciplines. «Nous avons la chance d’avoir d’excellents enseignants et les DLL leur donnent l’opportunité d’enrichir la formation en offrant tout le soutien et le matériel nécessaire», remarque Pierre-Etienne Bourban, responsable de coordonner les DLL d’ingénierie, de matériaux et bio-ingénierie.

Des étudiants participant aux TP de Maartje Bastings.
© Alain Herzog
Respectivement professeurs assistants tenure track en science et génie des matériaux et en génie mécanique, Maartje Bastings et John Martin Kolinski font partie des enseignants qui ont profité du soutien des DLL. Ils ont créé à la rentrée 2018 des TP proposant aux étudiants de se mettre dans la peau de chercheurs.
Respectivement professeurs assistants tenure track en science et génie des matériaux et en génie mécanique, Maartje Bastings et John Martin Kolinski font partie des enseignants qui ont profité du soutien des DLL. Ils ont créé à la rentrée 2018 des TP proposant aux étudiants de se mettre dans la peau de chercheurs.
Maartje Bastings a demandé deux heures par semaine à des étudiants en Master de plancher sur la création de microtissus biologiques à l’aide de polymères étudiés au préalable en classe. «Ils ont dû choisir eux-mêmes les matériaux utilisés, tester les interactions avec les cellules et expérimenter sans connaître le résultat final. D’ailleurs, il n’y a pas de mauvais résultats.» Pour sa part, John Martin Kolinski a proposé trois heures par semaine à des étudiants en Master différentes expériences se basant sur les derniers résultats de la recherche, et faisant appel à l’électronique, au traitement d’images ou à la chimie. «Je voulais impliquer les étudiants dans les TP du début à la fin, ils ont dû réaliser le matériel sur lequel ils ont effectué les différentes mesures qu’ils ont dû par la suite corroborer. En participant activement à toutes les étapes, les étudiants sont plus motivés, engagés et ils apprennent mieux.»
En donnant aux élèves le droit à l’erreur et en leur permettant d’exprimer leur créativité, les deux professeurs assistants ont observé des étudiants inspirés, s’investissant et interagissant. D’ailleurs, leurs TP ont recueilli une large majorité d’avis favorables. De quoi encourager une pédagogie innovante stimulant la réflexion des étudiants.
Laureline Duvillard, Domaine de la formation